samedi 7 mars 2009

LA PREMIERE NUIT












الليلة الأولى











LA PREMIERE NUIT











Amour







Le roi donna son autorisation et Sheherazade s’approcha et dit :




"On m’a raconté, oh roi bienheureux, qu’il existait un marchand parmi les plus riches qui soient et que c'était celui qui faisait le plus d’affaires dans le pays.






Voici qu’un jour il enfourcha sa monture et s'en alla pour se rendre dans un pays quelconque.




Alors, la chaleur s’intensifiant, il s’installa sous un arbre et plongea sa main dans sa besace. Il mangea un morceau de pain. Il y avait avec une datte, et lorsqu’il eut terminé de manger la datte, il jeta le noyau.




Alors, voici qu’un "Ifrith*" de grande stature qui tenait dans sa main une épée s’approcha de ce marchand et lui dit :

« Lève toi afin que je te tue, à l’instar de ce qu’a fait ce noyau à mon enfant, car celui-ci lui a porté un coup fatal sur le champ.


Puis, il l’entraîna et le jeta à terre.



Alors le marchand se mit à pleurer, et commença à dire :


« Le temps comporte deux sortes de journées, celles qui contiennent la paix, et celles qui contiennent la prudence.
L’existence est divisée en deux parties, l’une est de félicité , l’autre est sinistre.

Dis à celui qui nous a insulté avec des revers de fortune
Est-ce que le sort ne s’obstine que sur celui qui en danger ?

N’as-tu pas vu la mer qui porte des cadavres malodorants à sa surface.
Alors que les perles se trouvent dans ses extrêmes profondeurs.


Et si la main du temps se joue de nous
Il nous arrive des malheurs par sa misère continuelle


Alors, dans le ciel les étoiles innombrables
Et seuls le soleil et la lune s’éclipsent


Combien y a t'il sur la terre d'étendues de verdure et d'étendues desséchées
Mais il n'y a que celles qui portent des fruits que l'on lapide


Tu apprécies les jours lorsqu'ils sont beaux ,
Et tu ne dissimules pas le mal t’apporte le destin. »







Le marchand dit au démon :

"Ô ifrith, saches que j’ai une dette, j’ai une immense fortune, j’ai aussi des enfants et une épouse, et j’ai des engagements. Alors permets moi d’aller jusqu’à ma maison afin que je rembourse à chacun ses droits, puis je reviendrai vers toi et tu feras de moi ce que tu veux."


Et le génie lui fit confiance et le libéra.


Il s'en retourna dans son pays , il s'acquitta de toutes ses obligations, regla ses dettes et informa sa femme et ses enfants de ce qui lui était arrivé.



Ils se mirent tous à pleurer, y compris toute sa famille, ses femmes et ses enfants. Il leur fit ses recommandations et il resta chez eux jusqu'à la fin de l’année, puis il s'en alla, et prit son linceul sous son bras. Il dit au revoir à sa femme, à ses voisins et à toute sa famille.


Ce jour là était le premier de la nouvelle année.
Et pendant qu’il était assis et qu’il pleurait, voici que s’approcha de lui un vieillard qui avait avec lui une gazelle, celui-ci salua le marchand et lui dit


« Pour quelles raisons es-tu assis tout seul à cet endroit qui est le repaire des génies

Le marchand l’informa de ce qui lui était arrivé avec ce démon, le vieillard s’en étonna et dit :


« Je jure par Dieu, mon frère, que ta pratique religieuse est formidable, et ton histoire est extraordinaire. »


Puis il s’assit à ses côtés et discuta avec lui.



Alors ce marchand eut une défaillance, il fut pris de craintes, de peur et d'un trés grand chagrin, il était accablé.






Alors voici qu’un second vieillard s'approcha de lui. Il avait avec lui deux chiens Sloughis* noirs.


Après avoir salué les deux hommes, il les interrogea sur la raison pour laquelle ils étaient assis à cet endroit qui était l’antre des génies. Alors ils l’informèrent de leur histoire, mais il ne demeura pas assis avec eux.



A ce moment s’approcha un troisième vieillard qui avait une mule avec lui. Il les salua et leur demanda pour quelle raison ils étaient assis à cet endroit et ils l’informèrent de l’histoire.



Pendant qu’ils se tenaient ainsi, voici qu'un nuage de poussière s’élevait, c'était un immense tourbillon venant du centre de la savane.


Le nuage de poussière laissa apparaître un ifrith * tenant à la main son épée dégainée, ses yeux lançaient des éclairs . Il s’approcha d’eux et entraîna le marchand , il dit :


« Lèves toi que je te tue comme tu as tué mon enfant qui m'était trés cher. »


Alors, le marchand se lamenta et se mit à pleurer.

Les trois vieillards se manifestèrent par des cris, des larmes et des lamentations.

Le premier des trois vieillards se manifesta, il baisa la main du démon, et il dit :



« Oh roi des rois des génies, si je te raconte mon histoire avec cette gazelle me feras-tu don du tiers du sang de ce marchand ? »


Il dit :



« D’accord. »



Le premier vieillard dit :


« Saches, oh démon, que cette gazelle est ma cousine, je l’ai épousée alors qu’elle était dans son plus jeune âge. J’ai vécu avec elle pendant trente ans et elle ne m’a pas donné d’enfant. Alors j’ai pris une maîtresse qui m’a donné un enfant mâle, qui était comme s’il était beau comme la pleine lune. Il grandit petit à petit jusqu’à ce qu’il devienne un enfant de quinze ans et alors je suis parti en voyage à l'improviste, vers quelques villes ou je voyageais avec une trés grande quantité de marchandises. Ma cousine, qui est cette gazelle que voilà, connaissait la magie et les prophéties depuis qu’elle était petite, et elle transforma cet enfant en veau. Elle transforma également l'esclave qui était sa mère en vache et elle les confia tous les deux à un berger. Je suis revenu de voyage après un long moment, et j’ai demandé après mon enfant et après sa mère.

Alors elle m'a dit :


" Ta servante est morte et ton fils s’est échappé. Je ne sais pas où il est parti. »

J'ai attendu un an, j’étais très triste.


La fête du sacrifice était arrivée, et je me suis donc adressé au berger afin qu’il m’attribue une vache grasse. Celle –ci était ma maîtresse, celle que cette gazelle avait ensorcelée. J’ai donc relevé mes habits, j’ai saisi mon couteau et je m’apprêtais à l’égorger. Elle se mit à crier et à pleurer intensément. Alors je me redressai et j’ordonnai au berger de l’immoler, et il l’égorgea et la dépeça.

Il ne trouva dedans ni graisse, ni chair, rien que la peau et les os. J’ai donc regretté son sacrifice et l’offrit au berger en lui disant :


« Amènes moi un veau gras ! »

Et il m’amena mon enfant qui avait été transformé en veau.

Et lorsque celui-ci m’aperçut, il rompit ses liens et se mit à pleurer.

J’ai été pris de compassion pour lui et j’ai dit au berger :

« Apporte-moi une vache et laisse celui-là »


Shéhérazade arrivât au matin et cessa de raconter ce qui lui était autorisé, et alors sa sœur lui dit :
« Que ton récit est doux, charmant, savoureux et tendre !»

Elle lui dit :


« Ceci n'est rien à côté de ce que je vous raconterai la nuit prochaine si je survis et si le roi me garde en vie . »

Le roi se dit :


« Je jure par Dieu que je ne la tuerai point tant que je n’aurai pas entendu la suite de son histoire. »

Ils passèrent donc la fin de cette nuit enlacés, puis le roi sorti en direction du siège de son gouvernement, et alors survint le vizir avec un linceul sous le bras.


Mais le roi ne l’informa de rien à ce sujet et il en fut extrêmement surpris.


Alors, le diwan (***) se dispersa et le roi entra dans son château.





* Ifrith = Génie, démon, créature aux pouvoirs surnaturels et le plus souvent maléfiques

**Sloughis = Le Lévrier berbère, Sloughi ou Lévrier arabe est un Lévrier originaire d'Afrique du Nord

*** Diwan = administration des sultans, conseil des ministres, conseil de gourvenement.




















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